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Libération
Critique

Forêt de papier et images de rue

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publié le 6 août 2001 à 0h20

Le quidam qui passe, le Parisien en goguette ou le touriste qui flâne... c'est à eux que s'adressent Jardins 4 et le Panneau du temps qui passe, deux installations qui ont pour point commun de sortir du cadre balisé de la galerie d'art, de son public attitré et de son élitisme subi (qui n'a jamais éprouvé d'angoisse avant de pousser la porte d'une galerie sans visiteur?). Rue Dauphine, e-CRAN, l'espace qu'occupe Fabien Vallos, écrivain-plasticien, doit avoisiner les 6 mètres cubes maximum. Une vitrine d'art coincée entre deux galeries munies de portes, elles, et un studio d'enregistrement au fond de la cour, dont les patrons ont imaginé offrir la vitrine à de jeunes créateurs. Y flottent de grands lés de papier blanc, forêt fragile et poétique, couverts de fragments de phrases, «petites délicatesses accomplies avec le sourire petits efforts dans cette végétation inhospitalière», mots sans ponctuation qui se dévoilent au gré de la ventilation. Le dispositif, entre poème zen et sculpture scripturale, est visible «jour et nuit», dit Laurence Delaquis, la programmatrice de ce lieu qui offre «une liberté beaucoup plus grande, où l'intervention n'est pas dirigée vers la vente».

De la même façon, quai de Valmy, sur le canal Saint-Martin, la librairie Artazart a accepté sans barguigner le projet de Vincent Lévy, le Panneau du temps qui passe, une installation «vidéo-informatique» qui ne fonctionne qu'avec les passants: une caméra enregistre minute par minute l'image de la rue et six