La galerie d'art du conseil général des Bouches-du-Rhône, à Aix, expose une collection particulière (photos, dessins, documents...) consacrée aux Nadar. Un «survol», si on se réfère à l'immensité du fonds Nadar (400 000 plaques de verre, conservées à la Caisse nationale des monuments historiques), mais qui permet d'apprécier leur activité tumultueuse et multiple. Dans la famille Nadar, il y a d'abord le père, le grand Nadar, de son vrai nom, Félix Tournachon (1820-1910), photographe, journaliste, caricaturiste, aéronaute (de son ballon, le Géant, il prend les premiers clichés aériens), et époux d'Ernestine, prénommée «Madame Bonne». Puis il y a le fils, Paul, photographe également, toujours en bagarre avec son père. Et enfin, le frère de Félix, Adrien Tournachon ou «Nadar jeune», qui, après s'être distingué par ses photos de boeufs au Concours agricole de Paris (1854), finira fou.
Mais ni le fils, ni le frère ne déboulonneront Félix, qui photographiera jusqu'à ses vieux jours. Vêtu d'une vareuse rouge, ce républicain forcené selon la préfecture de police officie dans ses ateliers de photographie, rue Saint-Lazare, puis boulevard des Capucines, où sa signature resplendit toujours en rouge, sous l'éclairage au gaz. Il invente le portrait photographique «psychologique». Ses clichés, sans accessoires, sans retouches, sur fond uni et sombre, tentent de saisir une attitude qui révélerait la vérité du sujet. Sortent ensuite des ateliers Nadar, pour cause de vicissitudes financiè