En apparence, les films de Yasujiro Ozu ne sont que des chroniques familiales alternant entre humour léger et mélodrame sobre. En apparence, seulement. Car, comme l'a si bien expliqué Wim Wenders, grand admirateur du cinéaste japonais au point de lui consacrer le documentaire Tokyo-Ga, «aussi japonais soient-ils, ses films peuvent prétendre à une compréhension universelle.» On peut ainsi reconnaître dans les héros de Voyage à Tokyo ou Printemps tardif «toutes les familles de tous les pays du monde», ainsi que ses propres parents, son propre frère et soi-même. Les six films en couleurs d'Ozu, ses derniers et parmi ses plus beaux, sont repris actuellement en copies neuves au Max Linder, précédés de leur bande-annonce d'époque : Fleurs d'équinoxe (1958), Bonjour (1959), Herbes flottantes (1959), Fin d'automne (1960), Dernier Caprice (1961) et le Goût du saké (1962), souvent réalisés par la même troupe de techniciens et de comédiens (les inoubliables Setsuko Hara et Chishu Ryu en tête). On y retrouvera avec bonheur ses fameux cadrages à hauteur de tatami, son génie de la composition picturale, sa mise en scène faussement minimaliste et vraiment subtile. Et bien sûr, ses beaux personnages d'hommes souvent immatures et volontiers portés sur l'alcool, et ses figures maternelles plus volontaires et protectrices Ozu aimait beaucoup le saké et sa maman.
Max-Linder Panorama. 24, bd Poissonnière, 75009. M° Grands-Boulevards. «Ozu en couleurs», jusqu'au 21/08. Aujourd'hui: le Goût du sa