En 1976, Maria Koleva a filmé Antoine Vitez au travail avec ses élèves du Conservatoire. Vingt-cinq ans plus tard, la cinéaste a enfin terminé la onzième leçon, Electre, le droit à la folie pour tous ou la vengeance en question. Ce qu'on y voit n'est pas vraiment du théâtre et pas vraiment du cinéma. Dans cette salle, il n'y a ni décors, ni costumes, à peine des acteurs. Corps et voix en devenir, Vitez les guide à travers les textes d'Eschyle et de Sophocle, deux interprétations assez différentes de l'histoire d'Electre. Il y cherche avant tout le quotidien, et non la noblesse classique des tragédies antiques. Complots sordides et haines solidement ancrées, les Atrides s'étripent dans une cuisine avec une table en formica. Une famille comme une autre. Un travail centré sur Electre qui a «toujours tort dans les faits et raison en esprit, raison d'être folle, raison d'aller contre le bon sens». Femme, elle ne peut seule venger son père, mais c'est pourtant elle qui perpétue la légitimité à Mycènes en attendant le retour de son frère Oreste. Quand il revient, son rôle est fini.
Pour Maria Koleva qui s'exprime par des photos intercalées, des réflexions personnelles ou des citations, Electre nous parle du rôle ambigu des femmes dans nos sociétés, de leurs révoltes, de leurs combats. Politique et didactique, Electre... est tout autant un film sur Antoine Vitez que sur la réalisatrice d'origine bulgare. Entre théâtre et vie quotidienne, elle opère un rapprochement final entre la fil