Les céliniens seront ravis de l'apprendre. Et les plus idolâtres se rendront pour une fois à Neuilly et non à Meudon. C'est là que Me Claude Aguttes, commissaire-priseur, offre aux enchères, le 11 octobre, 73 lettres inédites de Louis-Ferdinand Destouches, en un seul lot estimé de 400 000 à 500 000 F (de 6 0 979 euros à 76 224 euros). Après la vente record (plus de 12 millions de francs), en mai, du manuscrit original du Voyage au bout de la nuit, et celle, à Brest, des lettres à son ami le Dr Tuset, on guette le prix auquel sera adjugée cette correspondance. D'où vient-elle? Mystère. On peut juste dire que ces lettres courent de 1947 à 1955, c'est-à-dire principalement les années de l'exil danois (même si trois datent de son retour en France). Destinataire? Un intime de Céline qu'il appelle «mon vieux» ou «cher vieux». A la lecture de «mon bon zoulou», les plus chevronnés reconnaîtront derrière ce mystérieux destinataire Antonio Zuloaga, fils du portraitiste de Franco. Au fil des missives, Céline se montre irascible, impatient. Et ne cesse de geindre, vitupérant contre «ce glacial bled». A savoir Klarskovgaard («la ferme du bois clair» en VO), vaste propriété de son avocat danois, près de Korsör. Lucette et Céline y occupent «la maison du drapeau», dominant la mer. Ces années d'exil furent celles d'une activité épistolaire intense où Céline, fidèle à lui-même, donne libre cours à ses délires antisémites.
Neuilly-sur-Seine (92). Hôtel des ventes, 164 bis, av. Charles-de-Gaull