En 1972, Martin Scorsese montre Bertha Boxcar à John Cassavetes. «Marty, lui dit le réalisateur de Husbands, essaye un film personnel». Produit par l'inégal mais génial Roger Corman, adapté de l'autobiographie Sisters of the Road, de Bertha Thompson, Bertha Boxcar se passe dans l'Amérique en crise des années 30, un temps où les Noirs, juifs, chômeurs, syndicalistes étaient considérés comme des bolcheviks. Une période aussi décrite dans L'Empereur du Nord (1973), de Robert Aldrich durant laquelle les déshérités voyageaient dans les wagons à bestiaux. Road-movie monté sur locomotive, Bertha Boxcar tire toute son énergie d'un destin, celui de Bertha, à la croisée de quatre autres. Bertha (Barbara Hershey) est la brune brûlante, amoureuse, généreuse, la fille qui prend la vie comme elle vient. Après la fille, les autres, les trois garçons. Rake (Barry Primus), le juif tricheur et distingué. Von (Bernie Casey), le Noir harmoniciste. Et puis l'as de coeur, Bill, (David Carradine, l'homme de la série télé Kung Fu). La fille, les fusils et comme le répète Godard dans ses Histoires du cinéma «juste une image». Au final, on retient cette image de Bill crucifié sur un wagon avec pour couronne d'épines un papier blanc punaisé au-dessus de sa tête. Avec Bertha Boxcar, l'Italo-Américain Scorsese faisait malgré lui un film très personnel. De cette représentation christique à celles présentes dans la Dernière tentation du Christ (1988), il n'y a qu'un pas. Un pas de géant. Bertha Boxcar se
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