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Libération
Critique

Meurtre en relief

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publié le 31 octobre 2001 à 1h25

Les projections du film d'Alfred Hitchcock Le crime était presque parfait (Dial M for Murder, 1954), dans sa version originelle, en relief (avec lunettes spéciales fournies), sont assez rares pour être remarquées. On connaît la version «plate» de l'oeuvre, son aspect drame d'entresol, son complot tragico-british et sa re-re lecture, après la Corde (1948), de l'opuscule de Thomas de Quincey, De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts. On se souvient des ciseaux, de Grace Kelly, de Ray Milland et de Robert Cummings. Le film fonctionne très bien en version plate. Mais en relief ? Du relief, Martin Scorsese en disait ceci : «Dial M for Murder est un film merveilleux à regarder, une leçon de découpage, si bien que je le conseille à mes étudiants. C'est en le voyant en relief que j'ai compris» (interview aux Cahiers du cinéma n°500). Une bouteille, un téléphone. Hitch ne se soumet pas à la technique mais il l'adapte, l'utilise, et la réinjecte au mieux dans le récit. Le téléphone (d'où le titre original), la clé et les ciseaux participent à l'intrigue. En ce qui concerne les acteurs, la caméra les fixe en contre-plongée avec un grand angle. Pour parvenir à ce résultat, Jacques Lourcelles nous précise dans son Dictionnaire du cinéma que Hitchcock «s'était contenté d'installer la caméra dans une fosse, de manière à ce que l'objectif soit assez souvent au niveau du plancher». Du théâtre, donc. Dernière précision : l'effet 3D est obtenu grâce à deux projecteurs qui passent pend