Stavanger (Norvège) envoyé spécial
«Next America!» (Plus loin c'est l'Amérique!») A bord du petit rafiot malmené par des creux pourtant modestes de deux mètres, Sigmund Låte, solide Norvégien patron de la Storm Havbruk AS, montre du doigt un assemblage métallique large et plat comme un terrain de football flottant sur la mer: Storm I, la ferme aquacole expérimentale d'élevage de saumons dont il est le propriétaire. Au-delà, la mer du Nord, ondulante et anthracite. Derrière lui, les fjords d'Arsvågen, sur la côte sud-ouest, un peu au nord de Stavanger, la capitale norvégienne du pétrole.
Révolution. Une ferme aquacole en pleine mer, voilà la révolution prônée par Sigmund Låte. Policier pendant dix-huit ans dans cette région du Rogaland avant de se reconvertir il y a huit ans dans l'élevage de saumons, il a le sentiment de bien con naître la bête. Lorsqu'il portait l'uniforme, Låte s'était souvent retrouvé à devoir contrôler les pêcheurs de saumons. «J'étais alors du côté du saumon sauvage», se justifie-t-il, conscient des critiques adressées par les écologistes et les pêcheurs aux fermes aquacoles. Celles-ci pullulent sur la côte norvégienne et ont à de nombreuses reprises «contaminé» les saumons sauvages au point que ceux-ci sont menacés de disparition. «J'ai l'expérience des deux côtés, continue l'ancien policier. Mais on se parle maintenant. Les rapports sont moins tendus», assure-t-il, tout en poursuivant sa démonstration. «La demande en poisson blanc croît de 3 % par an au