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Libération
Interview

«Une ressource pour l'Afrique»

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Pierre Trellu aide des paysans de Côte-d'Ivoire à développer l'élevage de poissons.
publié le 10 novembre 2001 à 1h35

L'élevage de poissons pourrait-il devenir une option alimentaire majeure dans les pays pauvres? Entretien avec Pierre Trellu. Ingénieur agronome, il travaille dans l'une des très rares ONG investies dans le développement de l'aquaculture africaine: l'Apdra-F (1).

L'Asie représente 90 % de l'aquaculture mondiale, et l'Afrique 0,3 %. L'écart est impressionnant...

Mais pas surprenant. L'élevage de la carpe est pratiqué depuis des millénaires dans les rizières de Chine. En Afrique, il n'y a aucune tradition de pisciculture. On part de zéro. Mais c'est une ressource d'avenir: il y a une forte demande sociale en faveur de cette activité qui est compatible avec l'environnement en Afrique tropicale humide. Après plusieurs années de tâtonnements, nous en avons fait la preuve avec des paysans du centre-ouest de la Côte-d'Ivoire avec qui nous travaillons depuis cinq ans. C'est une région de forêt, dédiée au cacao et au café. Là, comme partout en Afrique de l'Ouest, le poisson est le premier apport de protéines d'origine animale: le poulet est deux à trois fois plus cher, et la viande de brousse de plus en plus rare. Deux tiers des dépenses alimentaires des paysans sont consacrés au poisson. Or c'est du poisson de mer, importé, qui arrive en forêt, après de nombreuses ruptures de la chaîne du froid. Si on propose aux paysans du poisson d'eau douce élevé localement, ils choisissent le poisson frais, d'élevage, à condition qu'il ne soit pas plus cher.

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