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Libération
Critique

L'original

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publié le 17 novembre 2001 à 1h39

Après son grand succès d'African Queen (1952), John Huston adapte Moulin-Rouge, la biographie très romancée de Toulouse-Lautrec, par Pierre La Mure. Rien à voir avec le récent film de Baz Luhrmann. Moulin-Rouge est un film de peintre, signé par un réalisateur passionné de peinture. A travers cette adaptation, il s'agissait pour Huston non pas de faire un film historique ­ la censure des années 50 n'aurait jamais admis la vie dissolue que fut celle de Lautrec ­, mais de tenter d'utiliser à l'écran la couleur comme le faisait l'artiste. «Nous avions, raconte-t-il dans ses mémoires, employé, pour les scènes d'intérieur, un filtre jusqu'alors utilisé seulement en extérieurs pour donner une impression de brouillard, et nous avions accentué cet effet en ajoutant de la fumée pour obtenir une monochromie plate. Le résultat était si surprenant que Technicolor ne voulut pas en entendre parler.» Quant au rôle de Toulouse-Lautrec, Huston a choisi Jose Ferrer pour les gros plans (dans les scènes où il paraît en pied, Ferrer marche sur ses genoux), un vrai nain pour les plans éloignés et la main de Marcel Vertès qui, pour la petite histoire, avait pendant l'entre- deux-guerres fait de faux Lautrec. Moulin-Rouge vaut le déplacement pour son atmosphère, ses décors, ses personnages et sa première séquence pétaradante. Comme dans le Van Gogh de Pialat, Huston donne de l'artiste l'image d'un homme vivant parmi les hommes : vies tumultueuses, dérision et grande farce de la condition humaine, to