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Interview

«La question du médium travaille toute l'histoire de la modernité»

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Pour Pascal Rousseau, historien d'art, c'est en intervenant de manière décalée que l'artiste peut apporter une nouvelle réflexion.
publié le 17 novembre 2001 à 1h39

Maître de conférences à l'université François-Rabelais de Tours, Pascal Rousseau y enseigne l'art contemporain. Spécialiste des débuts de l'abstraction, commissaire de l'exposition «Delaunay» au Centre Pompidou il y a deux ans, il est l'auteur d'une monographie sur Fabrice Hybert (coéditions du Cnap et des éditions Hazan).

L'art et la science se sont longtemps nourris l'un l'autre avant de suivre des chemins autonomes. Et aujourd'hui ?

La Renaissance constitue l'apothéose de la relation art-science. Des artistes parmi les plus grands s'intéressaient de très près aux sciences, notamment celles du vivant. L'exemple le plus typique, c'est Léonard de Vinci, qui nous a laissé des études anatomiques extrêmement précises, à un moment où les recherches médicales butaient sur la censure religieuse. Avec l'ère moderne et avec la spécialisation des tâches, les savoirs se complexifient et s'autonomisent. Il faudra attendre le XIXe pour constater des rapprochements similaires. L'apparition de la physiologie cérébrale nourrit un ensemble de réflexions esthétiques importantes dans l'apparition de l'abstraction. Le XIXe était porté par le positivisme. Cette foi dans le progrès a été ébranlée par les deux guerres mondiales, quand la technologie s'est retournée contre son créateur. L'enthousiasme béat a fait place chez les artistes à la méfiance. Un sentiment qu'on retrouve aujourd'hui, avec le spectre d'une utilisation malveillante des biotechnologies.

Comment expliquer l'agitation artistique a