«Les biotechnologies fascinent les artistes pour la même raison qu'elles fascinent tout le monde, parce qu'elles sont à la fois porteuses d'espoirs et de craintes et qu'elles ouvrent une nouvelle phase dans l'évolution. Même récentes, elles réactivent un mythe ancestral : le contrôle absolu du vivant», analyse George Gessert, artiste spécialiste de l'hybridation des iris. Les biotechnologies, l'ingénierie génétique, la manipulation de l'ADN ne sont plus cantonnées au monde scientifique depuis que des créateurs se sont approprié ces techniques pour inventer un art conceptuel, provocateur et controversé.
Extraterrestre. Le pionnier de la manipulation des gènes à des fins artistiques s'appelle Joe Davis. Il y a quinze ans, cet artiste extravagant à la jambe d'acier réalise que l'ingénierie génétique permet de créer un nouveau médium pour l'art : la vie elle-même. Il réussit à convaincre des biologistes de lui montrer comment synthétiser de l'ADN. Artiste en résidence au département biologie du très sérieux MIT (Massachusetts Institute of Technology), il dit vouloir utiliser cette technique... pour entrer en communication avec les extraterrestres. Son projet : coder des images sous la forme d'un brin d'ADN qu'il insère dans le génome d'une bactérie. Les bactéries sont d'après lui le meilleur médium parce qu'elles peuvent être fabriquées en grand nombre à moindres frais, et certaines sont capables de survivre très longtemps dans l'espace. C'est ainsi qu'est né «MicroVenus» dès 198