Yuri Verlinsky est un homme très en vue dans le monde de la procréation assistée. Généticien d'origine russe, il dirige, à Chicago, le RGI (Reproductive Genetics Institute), une clinique spécialisée qui, en l'espace d'une dizaine d'années, a engendré une dizaine de filiales dans le monde. Dans le même élan, il s'affiche à la pointe de l'innovation en matière de fabrication de bébés. Notamment de bébés génétiquement sélectionnés. «Nous en avons eu 200 en dix 10 ans», nous a affirmé Verlinsky. Un score record, s'il était vérifié, pour une technique jeune qui n'en finit pas de faire rêver et cauchemarder: le diagnostic préimplantatoire (DPI).
Fécondation «in vitro». Mis au point il y a douze ans par l'Anglais Alan Handyside, le DPI vise originellement à permettre à des couples porteurs d'une maladie génétique de s'assurer qu'ils ne la transmettront pas à leur enfant. Pour cela, les futurs parents doivent accepter d'en passer par le parcours de la procréation assistée: des ovules et du sperme du couple sont recueillis, une dizaine d'embryons sont fécondés in vitro, une cellule de chacun est prélevée, la mutation responsable de la maladie familiale y est recherchée. In fine, est sélectionné pour transfert in utero un embryon ne portant pas le caractère indésirable.
Mais où commence l'indésirable? Le DPI qui met la puissance de la génétique moderne au service de la procréation est-il un progrès médical majeur? Ou la voie d'un nouvel eugénisme? Dès l'origine, le débat a été lancé