Depuis vingt ans, friches industrielles et locaux désaffectés sont occupés légalement ou squattés par des artistes. Après bien des bagarres et des expulsions, ces tenaces défricheurs ont fini par attirer l'attention du ministère de la Culture, en juin 2001, qui a reconnu quelques-unes de ces expériences.
L'ouvrage Arts en friche, de Marie Vanhamme (journaliste) et Patrick Loubon (photographe), fait le tour de sept lieux français, multiculturels, «anciens symboles de la production industrielle transformés en fabriques d'imaginaires». A Bourges, l'Antre-Peaux est animé par de drôles de «cultivateurs», qui font pousser du hip-hop, du cirque, et un espace d'art Transpalette. A Marseille, la Belle de Mai, la plus grande friche artistique de France, rassemble cinquante structures et trois cents personnes: atelier Dernier cri, théâtre, danse, multimédia, musique. La balade se poursuit à Grenoble, du Brise-Glace au Mandrak, de la Barak au 102. A Nice, on trouve les Diables Bleus, La Brèche; à Saint-Ouen, c'est Mains d'OEuvres, pépinière associative. Toulouse a son Mix'Art Myrys, Dijon ses Tanneries. Ces lieux sont enfin «accompagnés» par le ministère et les municipalités.
On n'y trouve pas la ruche parisienne de la rue de Rivoli, «Robert Electrons Libres», en marche pourtant vers la reconnaissance. Ni tous les nouveaux squats qui ne cessent de pousser à Paris, notamment dans le VIe arrondissement.
«Arts en friche», de Marie Vanhamme et Patrick Loubon, éditions Alternatives, 18 euros (1