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Interview

Ces parents pour l'éternité irresponsables

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Gisèle Harrus-Révidi psychanalyste, se penche sur la transmission entre les générations de l'immaturité «invisible»
publié le 12 janvier 2002 à 21h39

Les parents immatures que vous décrivez ne sont pas ceux qui finissent aux assises pour avoir maltraité leurs enfants. Non, ceux-là, dites-vous, «nourrissent leurs enfants, les lavent, les soignent, les envoient à l'école». Alors, où réside l'immaturité là-dedans?

L'immaturité dont je parle est une immaturité quasiment invisible: elle est constituée d'un mode de pensée calqué sur la réalité matérielle, qui ne laisse aucune place à l'affectif, à la tendresse. Ces personnes vivent un temps figé, jeunes pour l'éternité et... pour l'éternité irresponsables. Concrètement, ce sont des gens qui ont parfois réussi dans la vie, dans une spécialité. Mais, tandis qu'une de leurs qualités s'est hyperdéveloppée, tout le reste s'est arrêté. La maturité suppose de pouvoir engager le dialogue avec son enfant mais surtout pas à égalité; en ayant conscience d'être un adulte qui parle avec tendresse à un enfant mais avec un décalage. Or ce décalage est précisément ce dont l'immature ne tient pas compte: il ne discute pas avec l'enfant, il se dispute avec lui, il se met exactement sur le même plan. Cela, parce qu'il a vécu lui-même une «stase de développement»: il s'est en général arrêté juste avant l'accession à un stade adulte, dans une problématique qui pourrait évoquer le début de l'adolescence. Et encore, sans sa richesse dialectique. Ces parents-là comprennent par exemple très mal les exigences de l'apprentissage de la propreté, ils ne comprennent pas que l'enfant ne puisse pas faire un ef