La psychologue Anne Castelbou analyse les souffrances liées à cette maladie longtemps taboue.
Anne Castelbou est psychologue clinicienne, psychanalyste et secrétaire du comité social de la Ligue française contre l'épilepsie.
On l'a appelée la maladie démoniaque, le grand mal ou la maladie sans nom. L'épilepsie a longtemps fait peur, comment son image a-t-elle évolué ?
Quand j'ai commencé, on nous parlait encore de l'épilepsie comme d'une maladie très handicapante, dans des termes très stigmatisants, très négatifs. On nous présentait les malades comme des patients violents, incapables de raisonner, collants, handicapés mentaux, voire fous. Cette vision a évolué principalement grâce aux avancées de la médecine, aux techniques d'imagerie, à la neurochirurgie et à la meilleure connaissance que les médecins ont de la maladie maintenant. Même pour eux, les épilepsies ont longtemps été très mystérieuses, d'origine inconnue, très difficiles à traiter. Dans certaines sociétés, au Maghreb ou au Portugal par exemple, l'épilepsie a longtemps été associée à la magie, au fait d'être possédé, mais cette vision-là aussi évolue doucement. Cette maladie devient de moins en moins un mal mystérieux, mais elle a toujours une image un peu particulière.
Pourquoi ?
Parce qu'elle reste encore énigmatique, localisée dans le cerveau et donc liée entre autres au fantasme de la folie. Et ce n'est pas le seul, l'épilepsie réveille l'imaginaire collectif et des tabous. Parce que quand on voit quelqu'un tomber