Dix ans après sa mort, et parallèlement à la sortie de son journal le Mausolée des amants, la galerie Agathe Gaillard expose quarante photos d'Hervé Guibert. Des images d'intérieur prises de 1980 à 1991 dans ses appartements parisiens, à la villa Médicis ou dans la maison de l'île d'Elbe qui dessinent un autoportrait à travers les lieux et les objets fétiches de l'écriture: la machine mécanique Royal de luxe, le stylo, les pages manuscrites, la gomme, l'encrier, le flacon de blanc à effacer... On y aperçoit aussi des vêtements accrochés aux poignées de porte, un chapeau qui, depuis, s'est envolé, des cartes postales et des photos posées sur des draps blancs, comme des histoires ou des voyages.
«Il y a beaucoup de choses très prémonitoires dans ces images, des choses qui reviennent», dit Agathe Gaillard. Mais l'exposition, qui peut se voir avec le livre d'Hervé Guibert l'Image fantôme pour mode d'emploi, n'a rien de pesant. Ce sont des photos aériennes, visitées par les lumières neuves du dehors, de début d'été, par des «lames d'ombre», qui ont fixé des instants propices à l'écriture et à l'amour. Tout un menu peuple veille sur cette réclusion momentanée: un Pinocchio, Nefertito (mannequin de vitrine donné par le photographe Bernard Faucon), un cavalier de plomb, une chouette empaillée, un crapaud sur un fauteuil, une loupe sur pied... Des objets dont certains seront vendus aux enchères, le 26 janvier (à 17 heures), à la galerie sous le marteau de Me Godeau.
Galerie Agathe