Il aura suffi d'une déclaration malencontreuse, citée hors de son contexte, au lendemain du 11 septembre, disant en substance que la destruction du World Trade Center était la plus grande oeuvre d'art de tous les temps, et évoquant la présence de Lucifer à New York ce fameux jour, pour que Karlheinz Stockhausen, le plus célèbre musicien électronique du XXe siècle, suscite pléthore de condamnations. Le compositeur, qui s'est depuis expliqué, est à Paris ce soir pour donner Hymnen, Troisième Région, avec l'Ensemble intercontemporain et l'Orchestre du Conservatoire de Paris, dirigés par Peter Eötvös. On connaît la version purement électronique de ce classique, redonné récemment par Stockhausen au Planétarium de la Cité des sciences, pour célébrer ses 70 ans. La version avec orchestre arrangée par lui-même en 1970 et que l'on entendra ce soir part en fait du centre de la Deuxième Région (des hymnes nationaux africains) mixé avec le début de l'hymne russe, pour arriver à la Troisième Région. Le coeur de l'oeuvre étant un travail sur les hymnes russe et américain, puis espagnol. En choisissant un matériau musical aussi familier que les hymnes nationaux, Stockhausen a voulu sensibiliser le public le plus novice au «comment» de la musique: c'est-à-dire aux processus d'intégration, de transposition et de modulation mis en oeuvre par un compositeur, et traduits dans le cas d'Hymnen en sons électroniques synthétisés, sons enregistrés mixés en direct, et orchestre jouant une partition é
Critique
Le sens de l'hymne
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par Eric Dahan
publié le 16 janvier 2002 à 21h41
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