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Libération
Critique

Copi à l'envers

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publié le 18 janvier 2002 à 21h43

La situation est confuse dans l'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer de l'Argentin Copi. La pièce date de 1971, mais la distribution semble toujours en cours. Prenez cette matrone, qui cache son embonpoint dans un strict tailleurs lilas. Pourquoi a-t-on confié le rôle à Michel Fau, dont les attributs virils sont les plus redondants de la scène française? Quant à sa fille (l'exquise Céline Millat-Baumgartner), est-ce la sienne? Allez savoir; les liens de parenté, quoique charnels, sont on ne peut plus distendus et d'ailleurs c'est un garçon. Quand à sa professeur de piano, Madame Garbo (Claude Dégliame), on a des doutes sur son genre. Jean-Michel Rabeux a suivi au petit point un canevas scabreux où erre un prémonitoire virus des steppes dans une Sibérie de carnaval. Seule concession à la pureté, une scène en grand carré blanc, ring en surplomb du public.

Pour le reste, on plonge en toute candeur et drôlerie dans le sang, le vomi et la merde. Il y a quelque chose de jubilatoire dans cette construction en surenchères façon cour de récré. S'il fallait chercher des sources, elles se situeraient chez Artaud pour un théâtre dégoulinant bien au-delà de la scène, Genet pour ses constantes transgressions et le Nô pour ces hommes grimés en femme. Rien, pourtant, de pesant dans une mise en scène qui n'élude rien, et laisse aux comédiens une liberté dont ils usent de bon coeur et à bon escient.

Théâtre de la Bastille. 76, rue de la Roquette, 75011. Jusqu'au 23/02. Mardi-samedi à 19 h