Menu
Libération
Critique

Crankbunny, le temps mort du futur

Article réservé aux abonnés
publié le 18 janvier 2002 à 21h43

Une larme qui roule sur un visage las, d'oppressants couloirs noirs déchirés par des flashs blafards, des carcasses métalliques irradiées, une marionnette désarticulée aux grands yeux tristes, mi-femme mi-machine, qui se disloque dans un ballet macabre. Crankbunny (lapin excentrique), alias Norma Toraya, aspire l'internaute dans son univers obscur et hanté, et l'abandonne à ses funestes pressentiments. La jeune webdesigneuse new-yorkaise planche depuis trois ans sur ce projet de conte futuriste en ligne. «J'étais en train de travailler sur mes comicbooks quand j'ai eu l'idée de réaliser cette trilogie pour le Web, basée sur une trame simple : on a trouvé un chemin qui mène vers le futur. De retour dans le présent, rien ne subsiste du voyage à l'exception de vagues réminiscences visuelles, de prémonitions.»

Alors que le premier volet, Future Installement One-Maquette (crankbunny.net), donne un avant goût amer de ce futur imminent, le deuxième film (crankbunny.org) Future Installement Two annonce la Naissance d'un nouvel âge, celui de la machine vivante. Sur un monologue glaçant de Dead Flag Blues, un titre du ténébreux groupe montréalais Godspeed You Black Emperor !, ce film énigmatique de quatorze minutes à la lenteur pétrifiante (dont un écran noir de trois minutes dès le début de l'animation) et délibérée a tout pour rebuter les agités de la souris. Inutile de cliquer partout, l'auteur prend soin de le préciser dans l'intro. «Les internautes ont une relation névrotique à l'