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Libération
Critique

Parabole soviétique

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publié le 18 janvier 2002 à 21h43

Au mois d'août 2001, vingt-cinq médias-artistes et activistes internationaux se sont retrouvés dans les forêts lettones, près d'Irbene, à 200 km de Riga, sur un site pour le moins incongru. Dissimulé derrière les pins se dresse Little Star, un remarquable radiotéléscope à réflecteur datant de l'ère soviétique, l'un des cinq plus précis du monde. Construit à la fin des années 70 pour espionner les communications entre l'Europe et l'Amérique du Nord, l'antenne parabolique de 32 mètres de diamètre a été abandonnée et en partie détruite lorsque les militaires russes se sont retirés en 1994. La station étant impossible à démonter, les militaires ont pris soin de la rendre inopérante en plantant des clous dans les câbles, en aspergeant le matériel électronique d'acide ou en jetant des pièces métalliques dans les moteurs.

Expérimentations artistiques. Cette station top-secrète dont les Lettons ne soupçonnaient pas l'existence a été récemment réinvestie par des radioastronomes qui ont mis trois ans à la remettre à peu près en état, même s'il manque encore 2 millions de dollars (2,2 millions d'euros) pour la rendre à nouveau opérationnelle. Utilisée ponctuellement à des fins scientifiques ou éducatives, la station a ouvert ses portes cet été à un atelier-symposium insolite organisé par l'Acoustic Space Research Lab dont le but était «d'explorer les possibilités d'interaction créative avec un dispositif militaire». Musiciens, vidéastes, artistes, assistés par des scientifiques, ont pro