Quinzième et dernière édition d'une manifestation, «Les semaines du théâtre autrichien, lectures spectacles en français», qui, l'an passé déjà, n'a bénéficié d'aucun soutien du gouvernement autrichien, peu enclin, celui-là, à soutenir des voix s'élevant contre la xénophobie, le mensonge, l'exclusion ou le trop confortable silence. Or, si des auteurs dramatiques se sont insurgés et contre le nazisme et contre l'hypocrisie de leur classe dirigeante, ce sont bien les Viennois tout au long du XXe siècle. Avec une virulence et une ironie noire qui ont pu heurter les pseudo bonnes âmes, mais qui souvent aussi ont été rattrapées par la réalité. Les quinze pièces proposées ici en lectures-spectacles sont emblématiques de cette lucidité politique face aux démons fascisants. Parmi les auteurs, tous choisis par le traducteur Heinz Schwarzinger, figurent, bien sûr, Karl Kraus avec sa vision sardonique de l'horreur de la guerre de 14, Arthur Schnitzler décrivant la Vienne antisémite, Elias Canetti dont la Comédie des vanités vaut la dénonciation par Odon von Horvath d'une bande de nazis envahissant une petite ville tranquillement, mais trop nouvellement, démocrate. Plus près de nous, deux monologues de Werner Schwab, un texte d'Elfriede Jelinek, sulfureux, témoignent de la même indéracinable volonté de dénoncer, et d'espérer. Une vingtaine de comédiens servent leur verbe.
Théâtre de Poche Montparnasse. 75, bd du Montparnasse, 75006. Jusqu'au 1/02, à 18 h 30. Entrée libre. Rens.: 01 45 44