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Libération
Critique

Les pendules de Fleury

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publié le 31 janvier 2002 à 21h52

Travailler sur le thème du pendule lorsqu'on est d'origine suisse témoigne indéniablement d'un certain sens de l'humour. En toute logique, d'ailleurs, quand on sait que Sylvie Fleury a placé le détournement, le décalage, le déplacement au fondement de sa démarche. L'artiste, née en 1961 et souvent qualifiée de «post-appropriationniste» (sic), aime s'emparer des attributs d'un univers manufacturé (celui de la mode et des produits de luxe, par exemple) pour les travestir, les «customiser» et les transposer dans le champ artistique.

Sylvie Fleury n'avait pas été vue en galerie parisienne depuis 1993. Il faut dire que ses expositions amènent souvent à un coût de production «bonbon». C'est le cas de celle-ci, qui se présente sous la forme d'un parcours initiatique avec dès l'entrée une oeuvre qui invite le spectateur à se mettre à genoux sur de petits tapis de yoga Gucci en bronze pour voir son aura réfléchie au mur par un tableau serti de 4 000 cristaux de verre. Comme un rituel pour aborder, juste en face, une pièce kitsch, sorte de grotte habitée de grands quartz en plastique allumés de couleurs rose, verte, violette... Et pour découvrir, ensuite, une installation spectaculaire qui rassemble quatre immenses pendules suspendus par des chaînes et un autre posé au sol. Réalisés en acier inox, avec un sublime rendu, ils font glisser l'objet du pendule vers une réflexion sur la sculpture monumentale et classique. Avec en prime, courant sur les murs, une suite de grandes lettres en n