Les éditions du Chêne consacrent un beau livre aux sculptures éphémères et bouquets domestiques de Gilles Pothier. Le tout superbement photographié par Bart Van Leuven. L'artisan, c'est ainsi que se définit Gilles Pothier, présente des compositions colorées par saisons. Fleurs communes, exotiques, fruits et légumes se mélangent à des plumes de faisans dans des combinaisons exubérantes, tandis que la sobriété d'une palissade de bambous offre un contrepoint somptueux.
«Je ne me parjure pas quand je passe du style romantique au style graphique linéaire. J'aime aussi la monochromie ou la mono-variété.» Le personnage est chaleureux, tendance méridionale, il se revendique «plus rural qu'urbain» et affirme : «Le light et le badminton, c'est pas ma culture.»
Gilles Pothier ne rêvait pourtant pas de devenir fleuriste. L'influence familiale son père est élagueur et le hasard ont fait le reste. Il débute à Lyon, dans une petite affaire que lui a indiquée le comptable paternel, avant de rejoindre Paris où il officie depuis douze ans. La reconnaissance des magazines déco, il ne crache pas dessus, évidemment, mais il ne court pas après : «Je me méfie un peu de l'engouement passager de la mode, qui vous met en porte-à-faux avec le milieu en vous attribuant un traitement floral que la profession connaît depuis toujours.» Ce qu'il veut, ce qu'il espère, c'est être reconnu par ses pairs. Ceux qui, au-delà de la simple beauté des choses, connaissent le métier et ses difficultés. A 43 ans, il