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Libération
Critique

Yakusas à gogo

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publié le 7 février 2002 à 22h04

Ceux qui, à l'automne, trouvèrent bizarre l'élégance maniaque de Battle Royale, son sang-froid au milieu du massacre, ne s'étonnèrent pas d'apprendre que Kinji Fukasaku, le réalisateur de ce Koh Lanta adolescent et trash, fleurissait de 72 printemps. Qu'il ne s'agissait donc pas d'un disciple de Kitano mais de son inavouable maître. Une filmographie longue de 61 films, que la France (depuis l'hommage qui lui a été rendu par l'Etrange Festival en septembre) redécouvre au galop.

On voudrait tout voir de Kinji Fukasaku: sa participation à Tora! Tora! Tora! (aux côtés de Richard Fleisher), ses films rônins postmodernes, ses invraisemblables nanars intergalactiques de la fin des seventies et la nuée de compositions yakusas qui domine largement cette filmographie entamée il y a quarante-neuf ans (le Détective vagabond, en 1953). La Maison du Japon en propose quatorze, et c'est donc immanquable. La plupart choisis parmi ceux de ses films qui collent à la «société des gangsters», aux gangs yakusas: leurs codes, leur élégance (ce type sait filmer un costard), leurs couleurs (il fait voir à l'intérieur de quel prisme lounge, éclairages de bars à gogos et ciel trop bleu, les mecs se débattent) et leur moralité enterrée (le Cimetière de la morale, son meilleur opus).

Thématiquement pop et défaitiste (à la façon d'un Mishima, qui signa pour lui le scénario du Lézard noir), sa stylistique est comparable à du Peckinpah: déluge de flotte sur ralentis affectés. De buée en buée, dans l'alanguis