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Libération
Critique

Jodi désosse Quake

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publié le 8 février 2002 à 22h07

Les terreurs du Web sont de retour avec leur nouveau projet Untitled game. Pionnier du Net-art, le duo néerlandais Jodi s'amuse depuis 1995 à caresser l'internaute à rebrousse-poil, voire à se le mettre à dos en deux clics de souris. Le Web, les moteurs de recherche, les logiciels, rien n'échappe à leur esthétique du chaos, leur art de l'erreur. Alors que le Net ressemble de plus en plus à du papier glacé, eux remettent en cause sa standardisation et questionnent inlassablement la nature du support numérique.

Panique sur l'ordinateur. Dans le monde de Jodi, les interfaces lisses et familières deviennent des paysages inhospitaliers (lignes de codes, syntaxe inconnue, textes et images quasi absentes, couleurs criardes) où l'internaute perd ses repères. Les habitudes de navigation sont cassées, les clics sur les liens provoquent des plantages, le navigateur se morcelle en une myriade de fenêtres incontrôlables. Leurs logiciels sèment la panique sur les ordinateurs, mettant tout sens dessus dessous. Du moins en surface.

C'est donc avec quelque inquiétude que l'internaute averti se connecte sur Untitled game, une quinzaine de «jeux» Mac et PC à télécharger sans plus d'instructions, si ce n'est des titres sibyllins: o-o, ctrl-9, spawn, q-l, etc. Laisser Jodi s'infiltrer dans son ordinateur nécessite un certain courage. Pas de crash en lançant un jeu au hasard, la souris continue même à bouger. Malgré l'étrangeté du lieu, l'utilisateur a l'intuition confuse d'être en territoire connu