A l'entrée de l'exposition, deux imposants robots industriels s'activent aux platines, déploient leur bras gigantesque, font tournoyer les vinyles disposés tout autour d'eux avec une précision extrême, les glissent délicatement sous le bras du tourne-disque et se mettent à scratcher comme des diables. Ces Juke-bots, imaginés par le Robotlab de Karlsruhe, spécialisé dans les confrontations homme-machine, sont capables de retarder, d'accélérer, de fragmenter et déformer la musique comme n'importe quel DJ, même si le résultat a quelque chose de mécanique et glaçant. Le visiteur peut manipuler ces robots, mais c'est lors de sets préprogrammés que les machines sont le plus fascinantes. Leurs mouvements parfaitement synchronisés, leurs chorégraphies délicates, en font de troublantes métaphores de vie artificielle.
L'Américain Kenneth Rinaldo présentait lui aussi une installation de robots musicaux, très différente dans sa conception, mais qui joue sur le même thème.
Etrange ballet. Autopoiesis est composé de dix sculptures robotiques suspendues, longs bras squelettiques émettant des bips-bips métalliques. Ces structures, qui communiquent entre elles, modifient leur comportement selon les déplacements du public. Des petites caméras et des capteurs infrarouges montés sur ces fragiles assemblages, faits en sarments de cabernet sauvignon, détectent la présence du visiteur. Les bras se dressent vers lui, le frôlent, l'entourent, comme s'il était une bête curieuse. Immergé dans ce ballet