«Ici, tu trouves des fous furieux qui ne savent même pas que les deux tours du World Trade Center se sont écroulées...» Coincé entre le stand des vieux Teppaz et celui d'un admirateur de Johnny Hallyday, le fan club de Chris Evans. Sa présidente, Marie Guillaumond, explique que «Chris a sorti son premier album en 1980, à l'heure du retour du rockabilly en France», que l'interprète du tube Ma pin-up est une grosse truie compte «mille abonnés à son fan club», qu'il a déjà vendu 15 000 exemplaires de Dansons le twist et le madison, son dernier disque, «notamment en grandes surfaces». «Alors, évidemment, si les Parisiens snob ne le connaissent pas...» Et Marie réalise soudain: «Mais vous voulez rencontrer Chris? Il se balade sur le salon!» Quarante-cinq ans aujourd'hui, mais toujours très cuir et santiags, Christian Voron, originaire de Saint-Etienne, furète effectivement à la recherche de disques de Gene Vincent, Elvis Presley ou Eddy Mitchell, au milieu de centaines d'autres collectionneurs, des hommes surtout, le nez collé aux bacs de vinyles, les doigts compulsant frénétiquement les 33 tours.
Créneau. De tréteaux en table pliante, l'atmosphère s'enfume encore, poussiéreuse et moite. «Vous voyez, là, c'est le premier 25 cm de Johnny chez Vogue et voici son premier chez Philips, commente Jean-Pierre Marther, agent de réception. Maintenant, attention: vous tenez entre vos mains la deuxième pochette, aisément reconnaissable: derrière Johnny, il n'y a pas de feuillage, alors que,