«Tout le monde connaît pavu.com, mais personne ne sait ce que c'est», assène Clément Thomas en préambule à l'épique interview de deux des plus acides et turbulents net artistes du moment, lui-même, «officer général» de la division Pavu.com et Jean-Philippe Halgand, son «executive directeur». Avec sa page d'accueil jargonisante en parfait franglais, mêlant termes économiques fumeux et concepts artistiques nébuleux, et ses actions coup de poing pour créer un «territoire libre du Net», Pavu.com est peut-être le site le plus allumé du cyberespace français. La participation de l'internaute est requise: «En donnant une parcelle de ton espace serveur sous forme d'octets, nous pourrons rassembler les troupes de Gnou en cas d'attaque» (1).
Ils portent tous les deux le bonnet, rond pour le Bordelais Jean-Philippe Halgand, bouc corbeau et regard bleu pétillant lui donnant l'air farceur; allongé pour le Parisien Clément Thomas, plus longiligne et caustique, limite méchant les faux créateurs du Web en prennent pour leur grade, comme les institutions culturelles en retard d'une révolution. Ces deux-là s'entendent comme larrons en foire pour distiller un grain de folie partout où ils sévissent: à l'école des beaux-arts de Bordeaux, ils dupliquent le diplôme officiel avec leur PITY («the Pavu.com Institute for Talents Young»), dont le slogan est limpide: «Forget the Avant-garde, get ready for the En-garde.» La première séance, en novembre, devant des étudiants de troisième année qu'on imag