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Libération
Critique

La dynastie d'Arnsbourg

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publié le 15 mars 2002 à 22h36

A flanc de ballon vosgien, deux chats blancs reniflent avec dédain les pneus des limousines alignées sur le parking. La brume enveloppe le pied des sapins, d'où le visiteur s'attend à voir sortir une créature des Nibelungen. L'ondine du soir attend à la porte de l'auberge, où, sur un mur sans grâce, s'inscrit en lettres gothiques l'enseigne: «l'Arnsbourg», du nom d'une ruine proche. Elle a le regard clair et s'appelle Cathy Klein. Sa maison, rénovée, vient de rouvrir après avoir s'être vu accorder la suprême récompense de la gastronomie: les trois macarons du Guide rouge. Seuls 14 établissements en province, et 9 à Paris, ont droit à ce titre. Accessoirement, il est le seul à respecter la loi Evin et à offrir le confort aux non-fumeurs...

Inventions. Au lieu-dit Untermuhlthal, près de Baerenthal, à 70 km au nord de Strasbourg, la famille Klein n'en revient pas de cette consécration. Aux fourneaux, Jean-Georges se tient, timide et touchant. Bonne pâte, la maman enrobe sa couvée d'un oeil admiratif. La grand-mère, puis la mère, servaient aux bûcherons et chasseurs la cuisine alsacienne réconfortante. La fille vadrouillait. En 1988, Jean-Georges vint donner un coup de main à la mère. Il avait bien fait l'école hôtelière, mais côté salle. Sous le sage garçon couvait le garnement. Bien vite, il se mit à chambouler les plats, proposant discrètement ses inventions aux habitués. La formule plut tellement qu'il se décida à changer la carte. La maman était bien surprise de voir arriver