Si l'appartement-galerie ne date pas d'hier de tout temps, collectionneurs ou artistes ont invité leurs amis à découvrir des oeuvres chez eux , on assiste aujourd'hui à une multiplication de ces «domiciles d'art». «Autrefois, c'était marginal, aujourd'hui, c'est fréquent», résume Ghislain Mollet-Viéville, propriétaire dans les années 80 du célèbre «26, rue Beaubourg», aujourd'hui reconstitué au musée d'Art moderne et contemporain de Genève. «Les gens ne se contentent plus de vider leur salon pour y faire une expo, poursuit l'expert en art minimal et conceptuel, il se développe une réflexion sur les liens entre le lieu de vie et l'objet. L'art n'est pas destiné à rester dans une galerie. En le présentant dans un appartement, on le montre dans son cadre naturel.»Jérôme Rappanello, jeune artiste, invite ainsi régulièrement plasticiens, graphistes, photographes à exposer dans son «2 pièces cuisine» du XIXe arrondissement, à Paris. Les visiteurs, conviés à explorer salon, chambre, mais aussi cuisine, salle de bains et toilettes aux murs défraîchis, sont reçus sur rendez-vous. «Je n'arrange jamais le lieu avant, explique Jérôme, l'art doit se nourrir du quotidien.»
Dans son appartement proche de la République, Eriko Momotani, mécène au petit budget, propose également aux artistes de «s'emparer» de son lieu de vie. Le Grec Jason Karaïndros a transformé le plafond de la chambre à coucher d'Eriko en écran de projection (le visiteur devait s'étendre sur le lit), la Japonaise Aï Kita