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Libération
Critique

Tetsuo-Tetsuo II

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publié le 20 mars 2002 à 22h39

Dans le registre «cinéaste japonais dérangé», Shinya Tsukamoto mérite assurément le pompon. Un temps versé dans le théâtre d'avant-garde, ce Tokyoïte a réalisé depuis 1989 six longs métrages versés dans le cyberpunk, l'ultraviolence trash et l'audace formelle. Il est accessoirement le chouchou de Jean-Pierre Dionnet, monsieur Cinéma de quartier sur Canal +, qui propose une intégrale Tsukamoto impeccablement éditée (exception faite des fautes d'orthographe des livrets) dans sa collection «Asian Classics»: rien à jeter dans les bonus, et une qualité d'image d'autant plus remarquable que l'indépendant Tsukamoto a souvent tourné avec des moyens ridicules. Le problème, c'est qu'il y a autant à boire qu'à manger ­ et parfois à vomir ­ chez ce réalisateur. Le coffret Tetsuo est le plus impressionnant: Tsukamoto rejoint les préoccupations d'un Cronenberg, mais dans une démarche à la fois plus furieuse et plus optimiste, en filmant la mutation d'un homme en machine, l'imbrication de la chair et du métal perçue comme le moyen de revitaliser un univers urbain déliquescent; le choc visuel (en noir et blanc très contrasté dans le premier Tetsuo, en couleurs primaires ­ le bleu des gratte-ciel, le rouge du sang et le jaune de la fusion métallique ­ dans le second) est aussi éprouvant que stimulant. Un deuxième coffret rassemble le diptyque de la «violence urbaine»: si Bullet Ballet fatigue vite par son style punching-ball, Tokyo Fist, réalisé quatre ans avant Fight Club, intrigue fortemen