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Libération

Flam révolutionnaire

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publié le 22 mars 2002 à 22h40

Capitaine Flam est finalement bien de notre galaxie. Et pas seulement parce que Thierry Ardisson envoie un sample du générique à chaque fois qu'il s'estime mis en valeur dans son show (Tout le monde en parle). Rappelons que Capitaine Flam, héros balafré d'une série animée de SF, créée par Edmond Hamilton aux Etats-Unis et diffusée la première fois en 1979 sur TF1, fut, à peu de choses près, à la génération des 25-35 ans ce que le Commandante Che Guevara incarna pour les baby-boomers dans les sixties : une icône politico-messianique, un héros de fiction à « postériser » dans les chambres et un mythe subculturel durable pour pré-adolescents bouleversés en quête d'un grand frère héroïque, ténébreux, hiératique, visionnaire, l'un drapé dans son manteau de l'espace, l'autre coiffé de son béret du maquis, tous deux mandatés pour sauver le monde. Le refrain de la chanson du générique, composée par Jean-Jacques Debout et chantée par Bernard Minet, avait une ambition à peine moins révolutionnaire qu'Hasta siempre. « Capitaine Flam/ Tu n'es pas/ De notre galaxie/ Mais du fond de la nuit/ D'aussi loin que l'infini/ Tu descends jusqu'ici/ Pour sauver tous les hommes. » Certes, la densité intellectuelle et politique de Capitaine Flam, héros de fiction devenu réel à force de culte, reste difficilement comparable à celle du Commandante Che Guevara, héros réel devenu fictif à force de culte. Mais la succession entre messies est toujours difficile à réaliser. On a l'époque qu'on mérite. Cell