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Libération

Little big juges

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publié le 22 mars 2002 à 22h41

Petits juges sont devenus grands, trois petits livres et puis s'en vont. Mais quel éclat dans le final ! Petits juges sont à leur tour des acteurs d'eux-mêmes, des méta-juges : la sainte trinité des fausses factures. Sous l'oeil du citoyen-spectateur, ils effectuent leur sortie comme James Stewart quitte le saloon dans lequel Liberty Valance lui a fait un croche-pied. Les truands restent aux tables à dévorer leurs steaks et la vie continue, cartes biseautées en main. Eva Joly refroidira dans son pays natal, la Norvège. Laurence Vichnievsky s'en va plus loin encore, à Chartres. Quant à Eric Halphen, toujours plus loin, il semble approcher Chevènement. Les testaments express des deux derniers sont d'intéressants chromos. Vichnievsky publie le sien chez Stock. Le titre, Sans instructions, annonce l'héroïne. Droite dans ses bottes sans lécher celles des autres. La photo en jaquette insiste : Laurence est une amazone bourgeoise, avec un rien de coquetterie dans la mèche pleureuse caressant un visage durement androgyne. Elle semble souffler au lecteur : « Viens par là, vilain garçon, je vais te corriger ! » Lili Justice, clé et fouet en main. Quittant l'instruction, elle précise d'emblée : « Ce n'est pas de l'amertume ; d'ailleurs, l'amertume n'a aucun intérêt, ni pour soi ni pour l'évolution des idées. » Comme si l'on choisissait d'être amer ou non. Laurence taille ainsi dans le chêne l'image d'une séductrice dominatrice, transcendant les genres et les sexes, avec états de servic