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Libération
Reportage

Siegfried, entre donjons et dragons

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Sur la route des Nibelungen. La grande épopée allemande du Moyen Age, délaissée depuis l'époque nazie, retrouve les faveurs du public.
publié le 22 mars 2002 à 22h40

Worms envoyée spéciale

La brume se lève sur le Rhin. Sous le pont de Worms, en fixant bien le fleuve et avec un peu d'imagination, on peut deviner les reflets lumineux du trésor déposé là il y a très très longtemps. Après des années de tabou, il est enfin possible, en Allemagne, de reprendre la route des Nibelungen. Les nazis avaient tiré de cette formidable saga moyenâgeuse des modèles de héros germaniques. Aujourd'hui, les fantômes se sont éloignés. Dépoussiéré, lavé, blanchi, le plus grand mythe allemand, qui inspira Richard Wagner pour le Ring, Fritz Lang et tant d'autres, invite à être revisité.

Un chapelet de communes des bords du Rhin et du Main ont imaginé le concept touristique de «route des Nibelungen» et de «route de Siegfried». Elles promettent de jolis villages à colombages et de bons petits vins du Palatinat. Mais, autant prévenir d'emblée, elles ne montrent pas grand-chose concernant le sujet. La chanson, dont les plus anciens manuscrits retrouvés datent du XIIIe siècle, semble bien s'être inspirée de faits historiques, mais ces derniers remontant au Ve siècle, il n'en reste guère de traces.

Trésor d'images. Mieux vaut donc commencer la visite par le très original musée des Nibelungen qui a ouvert en août à Worms. N'ayant rien retrouvé de ce mystérieux peuple (ni os, ni bijou, ni même pierre), ses concepteurs français et allemands ont imaginé une exposition purement audiovisuelle. A l'entrée, le visiteur est coiffé d'un walkman qui lui conte la légende, tandis qu