Menu
Libération
Critique

Insoumise

Article réservé aux abonnés
publié le 3 avril 2002 à 22h55

Plus d'un an après son passage au Café de la danse, Angélique Ionatos revient à Paris présenter son dernier album D'un bleu très noir (Naïve). Sur cette poignante et majestueuse avancée blues dans la langue d'Homère, l'exilée grecque rend hommage à quelques femmes à l'âme rédemptrice. A travers les textes d'Odysseus Elytis ou de Christos Christofis, elle chante l'engagement de ces résistantes insoumises à la fureur des hommes. Elles se nomment Rosa Luxemburg, révolutionnaire allemande d'origine juive assassinée au début du siècle pour ses prises de position politiques, ou Marie des brumes, figure ambivalente de la putain vierge : «Tu es l'inondation dans les HLM/L'inespérée rupture de courant/Tu es belle comme le désespoir/Comme cette peinture qu'exècrent/Les bourgeois et qu'ils achèteront demain/A coups de millions.» Entourée de trois musiciens virtuoses sous la direction d'Henri Agnel (guitares, cistre, derbouka...), la chanteuse au profil de Parque se laisse aller aux sonorités slaves du violoniste Michael Nick et argentines du bandéoniste Cesar Stroscio. Cette partition où les sentiments d'urgence connaissent de belles respirations s'accordera sans mal avec le jeu de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton, auteure du remarquable album Au commencement Monteverdi (BMG) et invitée à l'une de ces quatre soirées au Bataclan. S'entendront également la dompteuse de fado Misia, le comédien mélomane Lambert Wilson et la chanteuse Juliette, en pleine actualité de son disque le Fe