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Libération
Critique

Monsieur Arcadi

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publié le 6 avril 2002 à 22h57

Arcadi Volodos semble d'humeur communicative. Son dernier CD Schubert est une fois de plus une éblouissante démonstration instrumentale. Des pianistes de sa génération, le natif de Saint-Petersbourg est incontestablement le plus solide et implacable. Dès 1998, et la publication de Piano Transcriptions (Sony), on était soufflé par le sens du détail orchestral, de l'articulation et de la respiration dont cet héritier de Cziffra et Horowitz témoignait à la vitesse surhumaine du Vol du bourdon. Mais aussi par la palette de nuances infinie, les sonorités rondes et charnues, la souplesse et l'humilité de son jeu gardant à bonne distance la tentation analytique et celle de l'identification psychologique. La même année, Volodos cueillait Carnegie Hall à froid d'un Scriabine haletant, exalté, tout en faisant un sort rigoureux aux trémolos, arpèges et sauts vertigineux de la Sonate n° 10 aux micromotifs névrotiquement éparpillés. Ce mélange d'urgence et de contrôle supérieur du discours, Volodos allait le porter à incandescence dans le Concerto n° 3 de Rachmaninov enregistré avec le Philharmonique de Berlin et James Levine. Poésie dans l'exposé des thèmes, jeu ultraperlé, montée vers le raz-de-marée préparée par d'inquiétantes lames de fond, Volodos balançait le napalm. Mais Schubert c'est tout autre chose. «Je n'ai cherché à imiter personne, je suis aussi loin d'Arrau que de Richter et ses tempis très lents, pour citer deux références en ce domaine», déclare Volodos, à qui l'on deman