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Libération
Reportage

Le fantôme de Budapest

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publié le 12 avril 2002 à 23h01

Budapest envoyée spéciale

Pas besoin d'avoir une culture architecturale considérable pour apprécier le palais de Dame Tartine. A Budapest, les constructions d'Odön Lechner peuvent s'aborder avec ce bagage-là. Cet architecte du début du siècle a orné ses créations de céramiques multicolores et de courbes orientales. C'est tout ce qu'il y a de plaisant à voir. Très décoré, orné de frivolités. Joli comme tout et flatteur pour l'oeil.

Cet homme cherchait l'âme hongroise. Il a trouvé l'âme orientale, quelque part entre la mosquée et le palais de maharadjah. Il a posé un jalon essentiel dans l'art nouveau. Les spécialistes placent Lechner entre le Gaudí de Barcelone et le Guimard du métro parisien. Les Hongrois reconnaissent qu'il est l'un de leurs plus grands architectes. Les guides signalent qu'il est l'auteur du musée des Arts décoratifs. Les bons ouvrages ajoutent l'Institut de géologie et l'ancienne Caisse d'épargne de la Poste. On se dit que Budapest est fier du maître à juste titre et qu'il n'y a plus qu'à aller le rencontrer.

Si c'était si simple... Un exemple, le plus évident : le musée des Arts décoratifs, l'un des grands de la ville. On est époustouflé par cet invraisemblable palais, les yeux rivés sur les toitures en écailles de poissons jaunes et vertes. En particulier si un rayon de soleil les allume. C'est grand, gros et haut, mais Lechner avait compris que le piéton n'est qu'à hauteur de trottoir : l'oeil peut attraper des fleurs en céramique et des mosaïques dès le b