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Libération

Une histoire sample

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publié le 12 avril 2002 à 23h01

Toute entreprise de déconstruction sert au moins à ça : mettre à jour les éléments d'une armature, en faire jaillir les câbles électriques, là où un crépi informe recouvre en général l'édifice. L'idée marche aussi pour les hits, ces nomades et provisoires logements de survie. Dans leur énergique et sombre opération de remembrement arty du hip hop, les New-yorkais d'Anti-Pop Consortium ont fabriqué une masterpiece qui synthétise en près de trois minutes la quasi-totalité des pouvoirs magiques du genre, isolant scientifiquement quelques-uns de ses ressorts historiques, de Grand Master Flash à Dr Dre : un son échantillonné, un sample, répété en boucle, le loop en vocabulaire technique.

Le morceau s'appelle Ping Pong et, outre le mérite d'avoir sauvé de la vacuité la dernière compilation bonus des Inrockuptibles, il constitue déjà, sinon un classique, au moins un «stéréo-type», même si sa carrière restera vraisemblablement underground, à l'instar de MyLifemuzik de Felix Da Housecat (lire Libération du 9 novembre 2001). Comme son titre le laisse entendre, Ping Pong est construit sur un son de balle de ping-pong samplé qui lui donne un léger mais puissant mouvement métronomique, obsessif, poissant comme un vieux tic-tac d'horloge dans un Bergman exténué, ou un cinq sets terminal sur le central de Roland-Garros. Mais aussi efficace soit-il, ce gimmick «ping-pong» n'assure évidemment pas à soi seul la puissance, le mouvement et l'élasticité du morceau. Ce bruitage n'est pas en soi u