Dans le cadre de l'exposition sur «La révolution surréaliste», le Centre Pompidou projette une série de joyaux du cinéma autour de Fantômas. Si les surréalistes ont adopté Fantômas, c'est parce que les auteurs du feuilleton, Pierre Souvestre et Marcel Allain, composèrent les aventures de l'homme masqué de façon presque automatique : en parlant devant un dictaphone. A la sortie du premier film tiré de la série best-seller, en 1913, le plus grand cinéma du monde, le Gaumont-
Palace, place Clichy, rassemble 80 000 spectateurs en une semaine. Sériel, amoral, provocateur anar au temps de la bande à Bonnot, grand fossoyeur du spectacle bourgeois, Fantômas cristallisait gracieusement bien des choses.
De nombreuses adaptations du mythe se succéderont par la suite. Signalons la version policière de Paul Fejos (1932), la série dispensable d'André Hunebelle commencée en 1964 avec Jean Marais et Louis de Funès, et l'extraordinaire morceau de bravoure psychédélique de Mario Bava, Danger Diabolik. Sans oublier l'adaptation virtuose, et fidèle au livre, de Claude Chabrol (cosignée par Juan-Luis Buñuel, le fils de Luis), réalisée pour Antenne 2 en 1979. Le cycle du Centre Pompidou permet également de retrouver les «enfants naturels ou illégitimes du maître de l'effroi». Comme les Vampires, autre merveilleuse série de Feuillade (1915), qui nous parle d'une lutte inégale entre le journaliste Guérande et une bande organisée. Dans les Vampires, le mal parasite en filigrane toute la société bourge