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Libération

Illusions perdues

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publié le 26 avril 2002 à 23h10

Qu'il était beau, ce baroud d'honneur offert en direct et non crypté par les salariés de Canal + à leurs téléspectateurs. Beau comme un grand soir qui se contemple mais ne verra plus le jour. Combien aimeraient, au moins une fois dans leur vie, en faire autant ? Brûler la marionnette du patron gras sous l'oeil de tous... de quoi faire rêver Arlette. Mais derrière, tapi dans l'ombre, on croyait entendre Messier murmurer, le doigt sur son Couture : «Qu'ils pausent toujours... Ils finiront par se fatiguer ! Et alors, on s'occupera d'eux. Je suis le maître du château.» A l'écran, certains criaient que la chaîne, perdant Lescure, dissolvait son âme. Ridicule cri d'amour au chef : Canal + n'a pas attendu l'estomac de Messier, cette suffisante grenouille devenue boeuf et se nourrissant de l'hostilité qu'elle provoque, pour devenir l'ombre d'elle-même. L'arrivée du patron de Vivendi n'était inévitable que parce que la chaîne avait déjà changé : l'alien Messier est bel et bien sorti du ventre de Lescure, patron ambigu aux mains peu propres, qui était allé voir de très près le gros oeuf financier. Dans le monde de la presse et du spectacle, la fuite dans le business déguise toujours la fin des illusions et des idées. Canal + en a eu énormément. Née en 1984, elle a formé, pendant plus de dix ans, le goût des autres. En France, Paris reste Paris, arbitre des modes et des élégances :

le reste du pays contemple et déteste. Canal + a donc été, pour le meilleur, la chaîne parisienne : le sal