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Libération
Critique

La Fausse Suivante/Tosca

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publié le 26 avril 2002 à 23h10

Confronté à l’adaptation forcément épineuse de deux classiques de la scène à l’écran, Benoît Jacquot a réussi deux grands moments où, tout en respectant à la lettre et à la note près la pièce et le livret originaux, il se livre à une brillante réflexion sur la représentation théâtrale et cinématographique. La Fausse Suivante est ainsi filmée dans un théâtre désert où la scène se prolongerait dans les loges, l’escalier de secours et la salle : ce parti pris est non seulement parfaitement raccord avec le thème même de la pièce (l’importance des apparences et des coulisses), mais il donne une fluidité supplémentaire au texte de Marivaux et à la mise en scène (ce que confirme Sandrine Kiberlain dans la courte interview offerte en bonus). Pour ne rien gâcher, le DVD restitue admirablement les éclairages subtils de Romain Winding.

Sur Tosca, le tube de Puccini, Jacquot alterne scènes d'enregistrement de l'orchestre et des chanteurs tournées à Londres en vidéo et noir et blanc, images très carte postale des hauts lieux romains (le palais Farnèse, le château Saint-Ange...) en 16 mm voire super-8, et reconstitutions fastueuses des décors entourés de rideaux noirs. Loin d'affadir Tosca, cette organisation conceptuelle renforce au contraire son intensité dramatique : l'artifice est consubstantiel à l'opéra et, comme s'il se trouvait dans une salle de spectacle, le spectateur oublie, le temps d'une représentation, que, dans la vraie vie, on ne se meurt pas d'amour en poussant un contre-u