Le métier de conteur est-il compatible avec un média interactif ? C'est quoi, le cinéma interactif ? Ces questions ont été largement débattues le week-end dernier, lors des rencontres internationales du design interactif, Numer.02, au Centre George Pompidou. Les premières tentatives, qui laissent le spectateur agir sur le scénario, se sont révélées peu convaincantes. «En raison du conflit entre la linéarité de la narration et l'interactivité, on ne parvient jamais à transformer un film classique en produit interactif. Il faut trouver des histoires adaptées à ce type d'action», estime l'artiste britannique Chris Hales, qui explore la vidéo interactive depuis 1995. Dans Bliss, il parvient à créer une tension dramatique via un récit éclaté. A l'écran, divisé en neuf fenêtres, représentant chacune un endroit de la maison, tout a l'air paisible. Un bébé pleure. Au spectateur de le localiser et de cliquer pour l'apaiser. Il devra aussi redresser un fer à repasser qui se renverse, répondre au téléphone, cliquer sur l'eau du bain qui déborde sur les autres écrans... Le scénario vire à la catastrophe, le spectateur submergé est saisi de panique.
«Art expérientiel». Pour Luc Courchesne, l'immersion du spectateur est primordiale. Le créateur canadien préfère parler d'«art expérientiel» que de cinéma interactif. Dans Living by Number, sa dernière installation présentée au festival Exit de Créteil (Libération du 28 mars), des vidéos anamorphosées étaient projetées sur un écran en forme de