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Libération
Critique

Bêtes de concours

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publié le 24 mai 2002 à 23h35

Dans le hall d'un vieux cinéma de Koursk, gisent des silhouettes de carton, icônes du monde ancien : Staline, la faucille et le marteau, un pionnier à foulard rouge... Personne n'y prête attention et surtout pas les femmes qui attendent, attirées par l'annonce d'un concours destiné à recruter des hôtesses pour un club de Singapour. Affaire de prostitution à peine déguisée, peu importe. Elles veulent partir, s'évader, aller ailleurs.

Pas assez jeunes, pas assez glamour, mariées alors qu'on veut des filles que personne ne viendra réclamer, leurs chances sont nulles. Ce dont essaie, en vain, de les convaincre l'interprète russe du manager japonais. Peut-être le personnage le plus humain. Pas plus cynique, par exemple, que la vieille dame habitant les sous-sols de la gare, qui elle aussi veut persuader les concurrentes de retourner chez elles. Mais c'est pour laisser leur chance à ses deux gamines. Quant aux maris venus récupérer leurs épouses, ils déplorent leur sentiment d'inutilité, sans s'interroger un instant sur leur responsabilité.

Grâce aux comédiennes, le Concours d'Alexandre Galine (présenté au festival Passages de Nancy) déploie dans la mise en scène d'Anton Kouznetsov une férocité vivifiante. Au fond, l'immensité de la Russie rendant les tournées pratiquement impossibles, lui aussi se trouve enfermé dans sa ville de Saratov, dont il dirige le Théâtre national. Lui, sa troupe, son école, son public. Pour qui il établit son répertoire. Ce soir et demain, après les représ