«Evidemment après les nouvelles d'hier, bien des choses paraissent fades.» Philippe De Jonkheere a écrit ces lignes mardi 28 à 2 h 15. La narration des «nouvelles d'hier» a été faite la veille, lundi 27 à 3 h 22 : «J'ai reçu ce matin un coup de téléphone de la Société des Gens de Lettres m'indiquant que le site Désordre avait gagné le Grand Prix SGDL du Site Internet Littéraire du printemps.» Depuis, d'autres textes insomniaques ont dû tomber sur le bloc-notes parallèle à l'exceptionnel site Désordre, qu'on a le bon goût de primer.
Désordre est un chaos labyrinthique organisé ; un capharnaüm de verbe, d'impasses, d'images, de tunnels, de liens, de citations et de passerelles. Philippe De Jonkheere, informaticien, poète-photographe-plasticien, artiste numérique, écrivain, oulipien émérite, serait-il épuisé alors qu'on vient de saluer son talent, l'ampleur de son travail harassant ? Il confie dans sa newsletter : «Du coup, je suis un peu trop impressionné par cette marque bruyante de reconnaissance et j'avoue ne plus savoir quoi vous concocter pour les prochaines mises à jour.» On ne peut y croire. Celui qui sans cesse réécrit ses images ou remet en scène ses mots semble être un permanent torrent créatif. Lui qui, entre autres travaux littéraires, creuse jusqu'à l'os la mémoire de Georges Perec en réalisant, exemple parmi cent, une «tentative d'épuisement de tentative d'épuisement d'un lieu parisien» semble être un volcan de créativité tous azimuts, compulsif de la mise en lign