Leurs clients entrechoquaient encore leur parapluie que déjà les grands bazars parisiens décrétaient l'été 2002 «Eté du pique-nique». Inauguration d'un rayon vaisselle en plastique au BHV, «pour profiter des thèmes porteurs du jardin dans la ville, des meubles qui vont dehors comme dedans». Hymne à la «Picnic Attitude» à la Grande Epicerie de Paris, qui met en scène pâtes multicolores, confiture à la liqueur d'Afrique et son exotique couvercle en peau de léopard, «gâteau à la broche pur beurre» qu'on imagine être un merveilleux piège à fourmis... Le Bon Marché suit en proposant des nappes à carreaux et des croquets, des couteaux suisses et des fauteuils «Jardin du Luxembourg». Et quand les ateliers du jardin d'Acclimatation fêtent leurs six ans, au mois de mai, c'est sous la forme d'un «Pique-nique artisti-chic» : pour épargner les lombaires de ses convives, le traiteur Annick Lambert dresse le gazon frais directement sur les buffets...
«Envie de légèreté». On est loin de l'origine du mot, «piquer» des «niques», «petites choses sans valeur». Le pique-nique est à la mode, comme chaque été, penseront quelques-uns avec un certain à-propos. «Il correspond aujourd'hui à une vraie envie de légèreté et d'amusement autour des arts de la table, juge en revanche François Bernard de l'agence de style Croisements. Dans une optique plus parisienne, il nourrit cette tendance de réappropriation de la ville, habituellement livrée à la voiture et au consumérisme : déballages de quartier, rass