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Libération

Marilyn Manson, just a rigolo

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publié le 14 juin 2002 à 23h57

Cathédrale gothique de la fin du siècle dernier, Marilyn Manson a repris du service sur MTV d'une manière suffisamment bizarre pour qu'on s'y attarde trois minutes vingt. Echappé d'un John Carpenter moisi (Vampires, dans lequel il aurait pu jouer l'immortel et coriace chef de meute), toujours équipé de sa dentition en tungstène pur cauchemar d'enfant, de ses bagouzes à tête de mort et de ses grimaces conçues en même temps que celles de Billy Idol, il déambule dans une soirée de jeunes ados américains d'une banlieue Scream (il est maqué avec Rose Mac Gowan, il faut dire) après avoir manifestement tapé l'incruste. Le temps d'une hallucination, on le confond avec Ozzy Osbourne qui a entamé une deuxième carrière fulgurante sur MTV aux Etats-Unis en mettant en scène sa famille à la façon d'un strip-tease (The Osbournes, record d'audience). Ou alors avec Howard Stern, autre vieil Américain alternatif à la chevelure de jais et au degré élevé de sophistication libidinale.

Mais l'effet de distorsion qui se produit à l'écran est surtout dû au fait que Marilyn Manson reprend virilement Tainted Love, le tube mythique de Soft Cell, apparemment repiqué pour les besoins d'un film et de sa bande-son (Not another Teen Movie). Il s'agit pourtant bien d'un horror teen movie qui se déroule sous nos yeux puisque plusieurs courants formés au confluent des années 80 entrent alors en collision, produisant une dilatation tympanique et temporelle du plus bizarre effet : le grain «cabaret synthétique»