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Libération
Reportage

Mines d'Asturiens

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Au nord-ouest de l'Espagne, les Asturies: une région, deux mondes. D'un côté, les montagnes qui gardent les cicatrices de la houille. De l'autre, des villages de pêcheurs à la nonchalance presque portugaise.
publié le 14 juin 2002 à 23h56

Asturies (Espagne) envoyé spécial

Il faut voir ces deux petits vieux du village de Collanzo se dorer au soleil, une pipe à la bouche, assis sur un de ces murets de pierre qui servent d'enclos pour les vaches. En surplomb, des prairies en pente couvertes de ruches et de noisetiers, puis, plus haut encore, des pitons rocheux et l'herbe rase des transhumances. Ces deux-là ont passé le plus clair de leur existence à extraire du charbon dans les mines alentour. Ils ont donc mérité cette quiétude et ce petit coin de paradis pour y refaire le monde. En s'engageant dans la vallée de l'Aller, une des trois régions minières des Asturies, on peut apprécier un lent dégradé dans lequel, à chaque kilomètre, la nature reprend ses droits sur les cicatrices de la houille. Moreda, Piñeres, Cabañaquinta... A chaque étape, on laisse derrière soi des puits de charbon encore actifs, des cités de mineurs défiant l'abrupte vallée, pour retrouver des alpages revigorants.

«Pendant longtemps, la mine a tout conditionné par ici, mais elle n'a jamais pu effacer la vie rurale. Beaucoup de mineurs étaient aussi des éleveurs», dit Mario Gutierrez, la soixantaine, maître d'école à la foi communiste, qui nous emmène, le pas sportif, jusqu'au col de San Isidro. Malgré une altitude moyenne (près de 2 000 m), le décor donne la sensation de haute montagne, avec pics escarpés, neiges éternelles, chamois en vol. Au loin, les fameux Picos de Europa ­ dont l'héraldique Peña Santa ­ un parc naturel qui fait la gloire a