L'objectif, ici, souvent, c'est d'arriver à «voir le monde comme un problème d'algèbre pour débutants». Sauf qu'on trace ses chiffres avec des débris d'on ne sait trop quoi ou des bouts de barbaque et que, vite, tout se confond en une charpie insensée. L'entrée en matière, c'est trois demeurés qui passent leur temps «à se gratter les couilles et à se demander comment ils vont faire sauter le grand magasin» d'en face. Presque une blague, qui tourne au jeu de massacre. Idem plus loin avec trois autres lascars qui tuent du gnou en Afrique noire. «On butait tellement de gnous en une seule journée qu'on était surpris d'encore en trouver le lendemain.» Mais pour des types qui pensent que «les grillons, c'est Dieu qui baise sur un lit à ressorts», le gnou c'est vite lassant.
Ça dérape chez Gunzig, après quelques nouvelles on l'attend au tournant, le couic va venir, on le sait, et, pourtant, on trébuche avec lui, on se laisse encore attraper. Comme dans La Technique de l'abattement simulé, où un coq de combat, proprement élevé à la ferme, finit par s'entraîner sur un bébé. Coup de bec oeil droit, ergot dans la gorge. Au commencement, l'univers de Gunzig est simplement défini, cadré. Mais la situation est tordue d'emblée, on progresse sur un fil, avec bien plus de deux côtés où tomber. Dans Vérité sauvage en quantité par toute saison, un météorologue envoyé seul dans une base arctique apprend par radio, un grésillement après l'autre, que le monde entier est en train de se suicider. No