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Libération
Critique

Complètement cintré

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publié le 28 juin 2002 à 0h06

«Je hais les cintres. Le cintre est le seul objet qui agresse l'homme par pure cruauté. Il arrive cependant que la confrontation homme-cintre soit inévitable. Quelquefois, plus particulièrement aux temps froids, l'envie de porter un pantalon se fait irrésistible.» Desproges, qui créait ce sketch en 1986, aurait vu dans l'exposition la confirmation de la nature guerrière du cintre. Engins de torture à piston, à pointe, à lame, à double-crochet ou triple-pince... En tout, 250 pièces issues de la collection de Daniel Rozensztroch et du musée de la Mode et du Textile.

«Le premier cintre connu remonte au XVIe siècle. Volumineux, très arrondi aux épaules, il était probablement destiné à recevoir un uniforme militaire», écrit Rozensztroch dans son livre Cintres. Depuis, «sous leur simplicité, leur fonction si précise», les cintres n'ont cessé de cacher «des trésors d'invention et d'esthétique, une mine d'informations sur le cours de la vie quotidienne et l'évolution de la mode».

«Crochets très longs pour les hauts cols Médicis de la fin du XIXe, épaules remontées pour les manches ballon... Le cintre se fait calque du corps, il est son substitut, explique Lydia Kamitsis, commissaire de l'exposition et conservateur au musée de la Mode et du Textile. Il est aussi marqueur du rapport de l'homme à son vêtement, de la rationalisation du rangement : peu à peu, les vêtements ne s'entassent plus dans un coffre mais sont triés dans une penderie, notion relativement moderne puisqu'elle apparaît